["ARGUS DE LA PRESSE"]
 
SYNTHÈSE DU 12/10/2023
ENVIRONNEMENT BANCAIRE
 
Selon le rapport annuel Global Banking 2023 de McKinsey, le modèle des banques universelles françaises est résilient avec une croissance des bénéfices du secteur de 280 milliards de dollars en 2022 et une rentabilité des capitaux propres (RoE) de 12%, qui devrait atteindre 13% en 2023. Cependant, des disparités existent : 50% des spécialistes des paiements ont un RoE au-dessus de 12%, tandis que 75% des banques universelles et 85% des banques systémiques sont en dessous. Un décalage subsiste entre les performances financières et la sous-valorisation par les marchés. Par ailleurs, 70% de l'augmentation nette du stock financier est réalisée hors bilan, et les banques traditionnelles perdent des revenus au profit d'acteurs non bancaires. (L’Agefi, Camille George, 12/10)
 
 
La Belgique rejoint l’Italie, l’Espagne et la Hongrie en instaurant une nouvelle taxe bancaire, qui devrait rapporter 150 millions d’euros à l’État. La taxe sera progressive et touchera principalement les banques détenant le plus d’épargne en dépôt. BNP Paribas, qui détient une grande filiale en Belgique, pourrait être affectée par cette mesure. L’Irlande envisage également de réviser sa taxe bancaire pour lever 200 millions d’euros. En Italie, malgré un assouplissement de la future taxe bancaire, les banques, dont BNP Paribas et Crédit Agricole, devront toujours s’en acquitter ou mettre leurs « surprofits » en réserve. (Les Échos, Thibaut Madelin,11/10 ; L’Agefi, Aurélie Abadie, 12/10)
 
 
BNP Paribas a commencé ses négociations annuelles obligatoires dans un climat tendu, face à des syndicats exigeant une augmentation salariale collective. Malgré la bonne performance de BNP Paribas, l'évolution de ses coûts est surveillée de près. Dans le but d'améliorer sa rentabilité, la banque française a mis en place un plan de départs volontaires au sein de sa filiale de crédit à la consommation, BNP Paribas Personal Finance. Ce plan vise à éliminer 921 postes d'ici. (L’Agefi, Aurélie Abadie, 12/10)
 
 
Les « faucons » de la Banque centrale européenne (BCE) proposent une hausse des réserves obligatoires pour les banques. Plusieurs gouverneurs ont suggéré que la BCE pourrait augmenter le ratio minimum (MRR) des réserves obligatoires jusqu’à 2%, voire même 3% ou 4%. Cependant, Isabel Schnabel et Klaas Knot, membres du Conseil des gouverneurs, ont souligné la nécessité d’une analyse plus détaillée des effets d’une telle hausse avant de prendre une décision. Certains experts considèrent ces propositions comme étant irresponsables, mises en place principalement pour réduire les charges d’intérêts qui pèsent sur les banques centrales de l’Eurosystème. Ils craignent que ces modifications ne tiennent pas suffisamment compte des contraintes réglementaires auxquelles les banques sont soumises et pourraient entraîner une baisse significative du ratio de liquidité à court terme (LCR) des banques. (L’Agefi Quotidien, Fabrice Anselmi, 12/10)
 
PRODUITS / MÉTIERS / ACTIVITÉS BANCAIRES
 
Le Groupement Cartes Bancaires a organisé son premier Sommet CB, le 10 octobre, réunissant banquiers, industriels, commerçants et start-up à Paris pour développer une offre française souveraine en réaction à l'arrivée de nouveaux concurrents non européens. Jean-Paul Mazoyer, directeur général adjoint du Crédit Agricole et président du Groupement des Cartes Bancaires CB, explique que « ce sommet a pour but de matérialiser la stratégie française d’interbancarité qui se déploie avec le plan CB Dynamique 2026 conçu et lancé après la fin du volet carte du projet EPI », annoncée en mars 2022. Le Groupement cherche à reconquérir les parts de marché perdues après l'émission de cartes Visa par BPCE et Boursobank, ainsi qu'à l'expansion d'ApplePay. Dans une interview accordée à La Tribune, Jean-Paul Mazoyer, aux côtés de Philippe Laulanie, directeur général de CB, commente l'évolution et les défis du GIE Cartes Bancaires. Ils évoquent la souveraineté nationale face aux GAFA et l'importance de la carte dans l'avenir du paiement. (L’Agefi Quotidien, Alexandra Oubrier, 12/10 ; La Tribune Édition Quotidienne, Eric Benhamou, 12/10)
 
ESG ET TRANSITION ENVIRONNEMENTALES ET SOCIÉTALE
 
Selon un sondage de l’Institut français d'opinion publique (Ifop) pour l’association Intercommunalités de France, une grande majorité de Français semble consciente des impacts du changement climatique sur leur vie quotidienne et exprime la volonté d'accepter des mesures restrictives pour atténuer ses effets. 85% estiment que l'adaptation de la société, de l'économie et des modes de vie doit être une priorité et pour 82%, le changement climatique aura des conséquences directes sur leur vie au cours de la prochaine décennie. 67% considèrent que les propositions des candidats aux élections locales dans ce domaine seront déterminantes. L'enquête révèle également que les Français sont prêts à accepter des mesures initialement impopulaires comme le Zéro artificialisation nette (87%) ou les zones à faibles émissions (62%). Toutefois, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop, souligne qu'il peut y avoir un écart entre l'adhésion de principe à une mesure et son acceptation une fois mise en place. (Les Échos, A. F, 12/10)
 
 
Le gouvernement français a annoncé sa volonté d’accélérer les rénovations énergétiques des logements en fléchant principalement les aides de MaPrimeRénov' vers les rénovations globales. À partir du 1er janvier 2024, le système sera réorganisé pour favoriser les rénovations énergétiques complètes et renforcer l'aide apportée aux ménages les plus modestes. Le budget pour MaPrimeRénov’ a été augmenté de 1,6 milliard d’euros, portant le total à 5 milliards d’euros par an. Le plan vise à effectuer 200 000 opérations de rénovation d’ici 2024, puis 900 000 en 2030, contre 60 000 en 2022. Le barème de subventions sera augmenté, en particulier pour les ménages à faible revenue. (Les Échos, Anne Feitz, 12/10)
 
 
Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette publique mondiale devrait atteindre les 100% du PIB d’ici 2030, ce qui limitera la capacité des gouvernements à financer la transition écologique sans augmenter leur dette. Le FMI avertit que les stratégies axées sur la dépense publique deviendront de plus en plus coûteuses. Les dirigeants politiques devront bientôt trouver un équilibre entre les objectifs climatiques, la viabilité de la dette et la faisabilité politique, a indiqué l’institution. Afin de soulager les États, le FMI propose une tarification pragmatique du carbone coordonnée à l’échelle mondiale, ainsi que des politiques pour catalyser les financements privés. (L’Agefi, Jean-Loup Thiébaut, 12/10)
 
 
Dans une interview accordée à L'Opinion, Philippe Zaouati, fondateur de Mirova, critique le rôle limité de la finance dans la transition écologique. Selon lui, les banques devraient encourager une économie plus verte plutôt que de financer l'économie actuelle. Philippe Zaouati doute que le capitalisme puisse se réinventer pour sauver la planète, malgré les engagements pris lors des conférences sur le climat. Il souligne la résilience du système économique face aux dérèglements climatiques, mais estime qu’il s’agit du « tout va bien » d’un système en pleine chute. Il rejette aussi l'idée d'un prix mondial du carbone, estimant qu'il créerait des inégalités. (L’Opinion, 12/10)
 
STRATÉGIE DIGITALE
 
L'industrie 4.0 est en marche, exploitant enfin pleinement le Big Data qu'elle a accumulé depuis plus de dix ans. L'utilisation cruciale de ces données massives se manifeste à travers l'émergence du jumeau numérique, une réplique virtuelle d'un processus physique réel qui permet de l'améliorer grâce à l'analyse de millions de données. Selon le cabinet Capgemini, le marché mondial du jumeau numérique était évalué à près de 5 milliards de dollars en 2020 et devrait atteindre 92 milliards de dollars en 2028. Les crises successives, y compris la pandémie de la Covid-19 et l'urgence climatique, ont contraint les industriels à rendre leur production plus économe et résiliente, d'où l'intérêt pour le jumeau numérique. Cet outil vise également à améliorer le processus de prise de décision en permettant la collecte et l'analyse instantanée de données. Dassault Systèmes se positionne en tant que leader dans ce domaine, affichant un chiffre d'affaires de 5,7 milliards d'euros en 2022. (Les Échos, Ninon Renaud, 12/10)
 
AGRICULTURE
 
Selon le ministère français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la crise de l'élevage en France menace près d'un tiers des abattoirs locaux de fermeture. Ces derniers sont confrontés à une pénurie de bétail ainsi qu’une augmentation des coûts énergétiques et de transport. En six ans, la population bovine a diminué d'un million et le nombre de porcs a chuté de 6% en un an. Le gouvernement a lancé un audit sur la situation et bien que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ait annoncé un plan pour relancer l'élevage, le 6 octobre 2023 au sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, les industriels estiment qu'il sera insuffisant. « Il faudrait des dizaines de millions d’euros pour sauver la filière », souligne Stéphane Deschamps, directeur général de l’entreprise Elivia. Pour ce dernier, l’État n’a « ni les moyens ni la volonté politique ». (Les Échos, Marie-Josée Cougard, 12/10)
 
CONJONCTURE ÉCONOMIQUE
 
La Commission européenne prévoit de mettre fin aux subventions énergétiques accordées aux entreprises au 31 décembre 2023. Ces aides, visant à compenser les prix élevés de l’énergie et à soutenir la réduction de la demande d’électricité, ont été instaurées en mars 2023. Dans une lettre, la Commission justifie cette suppression par une « nette amélioration des prévisions économiques », des niveaux de stockage de gaz « confortables » et des « risques de pénuries » d’électricité pour l’hiver prochain. Cependant, la majorité des États membres, dont la France et l’Allemagne, sont en désaccord avec cette décision et souhaitent maintenir ce dispositif au moins pendant l’hiver, par précaution, selon les informations recueillies par Les Échos. (Les Échos, Fabienne Schmitt, 12/10)
 
 
Le ministère de l’Économie allemand prévoit une reprise économique plus faible en 2024, avec une croissance du PIB de 1,3%, après une récession de 0,4% en 2023. Ce recul est principalement dû à l’augmentation des prix de l’énergie et au ralentissement de l’économie chinoise. Pour relancer l’économie, l’Allemagne mise notamment sur des investissements dans la transformation et le climat. Le gouvernement a également engagé une stratégie de « de-risking » pour réduire sa dépendance économique envers la Chine. (Les Échos, Emmanuel Grasland, 12/10)
 
 
La restructuration de la dette des pays en développement devrait s’accélérer avec les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI) qui se tiennent cette semaine à Marrakech, au Maroc. Pour la Zambie, qui a demandé à bénéficier du cadre commun de résolution des dettes instauré par le G20 à l’automne 2021, cette restructuration devrait être finalisée. L’accord prévoit une réduction des taux d’intérêt à 1% et un remboursement des prêts jusqu’en 2043. Le Ghana devrait également bénéficier d’un allégement de sa dette, alors que le cas du Sri Lanka fait figure de surprise : la Banque d’import-export de Chine a conclu un accord préliminaire avec le pays pour régler sa dette. D’autres pays comme l’Égypte, l’Éthiopie, la Tunisie, le Pakistan, l’Argentine et la Bolivie pourraient aussi avoir besoin de restructurer leurs dettes. (Les Échos, Richard Hiault, 12/10)
 
 
L'Organisation de coopération et de développement économiques a publié le 11 octobre le texte définissant les modalités d'application de l'accord de taxation des multinationales signé en 2021. Cet accord vise à imposer une taxe minimale de 15% sur les bénéfices des multinationales et à réaffecter une partie de leurs profits dans les pays où ils sont réalisés. Cependant, certaines incertitudes subsistent quant à sa mise en œuvre. Plusieurs pays, notamment l'Inde, la Colombie et le Brésil, expriment des réserves concernant le texte. Un obstacle majeur se présente aux États-Unis : bien que le président Joe Biden soutienne l'accord, il n'a pas prévu de soumettre sa ratification au Congrès. Sans le soutien des États-Unis, l'ensemble de l'accord risque de s'effondrer. Pour que celui-ci entre en vigueur en 2024, il doit être entériné par au moins 30 pays signataires, dont le domicile d'au moins 60% des multinationales concernées. (Le Figaro, Florentin Collomp, 12/10)
 
 
Retrouvez la synthèse du 11/10/2023 ici : https://xml.luqi.fr/casa/fluxpresse/20231011/synthese.html
 
Synthèse réalisée par Cision-L'Argus de la Presse
 
Document réalisé avec l'autorisation du CFC.
Il est interdit de diffuser ou redistribuer, sous quelque forme que ce soit, tout ou partie de ce document.