["ARGUS DE LA PRESSE"]
 
SYNTHÈSE DU 10/01/2024
ENVIRONNEMENT BANCAIRE
 
En dépit de l'incertitude macroéconomique, les marchés des dettes bancaires subordonnées semblent encore attrayants pour les investisseurs. Depuis début 2024, plus de 52 milliards d'euros ont été investis dans ces marchés, avec des émissions provenant de grandes institutions financières telles que le Crédit Agricole. Pour Eric Meunier, de Société Générale, la résilience de ce marché pourrait également être attribuée à la possibilité d'une baisse des taux d'intérêt dans les mois à venir. Cependant, il y a des préoccupations concernant le risque spécifique lié à l'inflation et à la possible augmentation des défauts de paiement et des prêts non performants (NPL). Malgré une certaine détérioration des prêts de niveau 2 et 3, la rentabilité (RoE) des banques devrait rester confortable, estime Samy Lakhdari, analyste bancaire chez Natixis. (L’Agefi, Fabrice Anselmi, 10/01)
 
 
Dans un entretien accordé au Progrès, Marc Do-Van-Tuan, président du comité des banques Fédération bancaire française (FBF) Auvergne-Rhône-Alpes, défend le rôle des banques dans la situation économique actuelle. Selon lui, elles doivent jouer un rôle de soutien à l’économie en aidant les entreprises et les particuliers à naviguer à travers ces temps difficiles. Marc Do-Van-Tuan exprime sa confiance en la solidité du système bancaire français et encourage les institutions à innover pour relever les nouveaux défis économiques et environnementaux. Malgré les difficultés actuelles, il maintient un sentiment d’optimisme. « Je ne pense pas que nous soyons confrontés à un mur, mais la fragmentation de la société et la logique de transition peuvent créer des obstacles », souligne le président. (Le Progrès, Franck Bensaid, 09/01)
 
PRODUITS / MÉTIERS / ACTIVITÉS BANCAIRES
 
L'association de consommateurs Consommation, Logement Cadre de Vie (CLCV) a publié, le 9 janvier 2024, une enquête sur la tarification bancaire pour 2024. L’étude révèle une hausse des coûts d'environ 3% pour les clients, après la modération de 2023. Cette hausse concerne les frais de tenue de compte, de carte bancaire, l'augmentation des tarifs des packages et des modifications sur les retraits aux distributeurs automatiques de billets. L'association souligne que les banques ont tendance à facturer davantage les opérations faites en agence. Parmi les établissements les plus compétitifs figurent certaines caisses du Crédit Agricole, LCL et le Crédit Coopératif. En revanche, la Société Générale et les Banques Populaires sont parmi les plus chères. L'enquête ne prend pas en compte les frais d'incidents bancaires, mais constate que la plupart des banques facturent le plafond légal pour des frais tels que la commission d'intervention ou le rejet de chèque. (Les Echos, Paul Turban et Romain Gueugneau, 10/01)
 
 
Selon la Banque de France, le nombre de dossiers de surendettement a été divisé par deux en dix ans, passant de 220 836 en 2012 à 113 082 en 2022. Trois facteurs ont contribué à cette baisse : la réduction du chômage, la régulation de la distribution des crédits à la consommation initiée par la loi Lagarde en 2010, et l'introduction de nouveaux outils plus efficaces pour les commissions de surendettement, permettant l'effacement des dettes dans les cas les plus graves. Cependant, Marc Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France, prédit une augmentation des dossiers en 2023, due à la crise sanitaire et à l'inflation, mais ne voit pas cela comme une menace à la tendance à la baisse à long terme. (Les Echos, Hayat Gazzane, 10/01)
 
 
Les fonds de dettes privées gagnent du terrain dans le financement des entreprises, ce qui inquiète les autorités financières mondiales. Le marché est estimé à 1 600 milliards de dollars par les experts et pourrait atteindre 3 500 milliards dans les cinq prochaines années, selon le gestionnaire d’actifs BlackRock. Face à cette croissance, des voix s'élèvent pour souligner le manque de transparence et le risque potentiel pour le système financier. Une hausse des taux d’intérêt, qui serait répercutée sur les emprunteurs, pourrait impacter ce secteur. Les banques cherchent à contrer l'essor des acteurs du crédit privé tels qu’Apollo et Blackstone en mettant en place leurs propres fonds de crédit ou en formant des partenariats avec ces nouveaux acteurs. Des institutions telles que JP Morgan, Citigroup et Morgan Stanley ont opté pour la première solution. D'autres ont choisi la deuxième, à l'instar de Société Générale, qui s'est associée au canadien Brookfield pour instaurer un fonds de dette de 10 milliards d'euros. (Les Echos, Thibaut Madelin, 10/01 ; Les Echos, Romain Gueugneau, 10/01)
 
 
Les renouvellements de 2024 ont confirmé l'intention des compagnies d'assurance de s'orienter vers des options de couverture alternatives. Selon Aon Reinsurance France, cette situation est due à plusieurs facteurs, notamment la disparition des couvertures pour les sinistres de moyenne intensité et une volonté des assureurs de réduire l'influence de la réassurance traditionnelle. Les pratiques telles que la titrisation gagnent du terrain, avec une augmentation notable des émissions de cat bonds et des insurance linked securities (ILS). En France, quatre assureurs, dont Pacifica, ont eu recours aux cat bonds en 2023. (L’Agefi, Camille George, 10/01)
 
 
En 2023, les catastrophes naturelles ont coûté 95 milliards de dollars aux assureurs, en baisse de 30 milliards par rapport à 2022, d’après Munich Re. Le coût total, incluant les pertes non couvertes par les assurances, s’établit à 250 milliards. Bien que le total des pertes soit inférieur à celui de 2022, il dépasse la moyenne décennale de 90 milliards. Les tremblements de terre en Turquie et en Syrie, ainsi que les tempêtes aux États-Unis, ont été particulièrement dévastateurs. Les catastrophes régionales représentent la majorité des sinistres. Les assureurs ont par ailleurs décidé d’ajuster leurs tarifs face à la probabilité croissante de catastrophes dues au changement climatique. (L’Agefi, 10/01/2024)
 
ESG ET TRANSITION ENVIRONNEMENTALES ET SOCIÉTALE
 
En France, le projet de loi relatif à la souveraineté énergétique, présenté fin décembre 2023, soulève des inquiétudes. L'absence d'ambition chiffrée pour le développement des énergies renouvelables attire particulièrement les critiques. De plus, le projet supprime l'objectif de rénovation de tout le parc immobilier pour atteindre un niveau bâtiment basse consommation d'ici 2050. Le flou entourant la réduction des émissions de gaz à effet de serre est également pointé du doigt. Le texte propose de « tendre vers une réduction » plutôt que de les réduire ce qui pourrait affaiblir la portée des engagements. Aussi, le texte ne fixe pas d'objectif clair concernant la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale, un point qui contraste avec l'objectif européen d'atteindre 42,5% d'énergies renouvelables d'ici 2030. (Le Monde, P. M., 10/01)
 
 
L'Union européenne (UE) devra investir environ 2 800 milliards d'euros en technologies vertes d'ici 2030 pour atteindre la neutralité carbone, selon le Boston Consulting Group (BCG). Ces investissements pourraient créer 2,4 millions d'emplois et contribuer à la réindustrialisation de l'UE. Toutefois, des obstacles majeurs demeurent, notamment la rapidité de déploiement des solutions et la complexité du cadre réglementaire européen. Ainsi, les technologies encore en phase de démonstration nécessitent une industrialisation six fois plus rapide que les solutions matures pour éliminer 40% du CO2 restant. Les dirigeants du BCG soulignent également la nécessité d'une coopération renforcée entre grandes entreprises et start-up dans le développement de chaque technologie verte innovante. (Les Echos, Ninon Renaud, 10/01)
 
 
La Belgique, qui a pris la présidence de l'Union européenne (UE) le 1er janvier 2024, est chargée de finaliser l'adoption de plusieurs textes du Pacte vert avant les élections européennes de juin 2024. Le Pacte vert, lancé en 2019, contient environ 75 textes législatifs qui visent à conduire l'UE à la neutralité carbone à l'horizon 2050. Trente textes ont déjà été adoptés, mais la Belgique doit faire avancer l'agenda d'ici avril 2024. Le pays a la lourde tâche de prioriser l'économie circulaire, la transition écologique juste, et l'augmentation des énergies renouvelables. D'autres législations sur la qualité de l'air, la chimie, la mobilité durable, et la biodiversité sont également à l'ordre du jour. (Les Echos, Fabienne Schmitt, 10/01/2024)
 
 
Michelin transforme son site historique de Cataroux, à Clermont-Ferrand, en un incubateur de technologies vertes. L'espace de 20 000 m2, constitué d'un centre des matériaux durables, accueille les start-up en pleine industrialisation. Le développement de cet écosystème vert est soutenu par une structure de financement composée de Michelin, du Crédit Agricole Centre France, de la Banque des Territoires, de la Caisse d'Epargne Auvergne Limousin et de la CCI du Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole. Michelin prévoit de rajouter 6 000 m² d'espace pour d'autres start-up travaillant dans le domaine de matériaux durables. (Les Echos, N. Re, 10/01)
 
 
Selon une étude du Conseil d'analyse économique (CAE), le diagnostic de performance énergétique (DPE), outil clé des politiques environnementales, manque de fiabilité. Effectué sur les logements pour mesurer leur efficacité énergétique et leurs émissions de gaz à effet de serre, il est critiqué pour son inexactitude. L'étude révèle que la consommation d'énergie réelle diffère souvent de la consommation théorique DPE. Cet écart s’explique par des biais propres au calcul DPE et un effet comportemental de l'usager. En effet, plus un logement est bien isolé, plus la température moyenne est élevée, surestimant ainsi les économies d'énergie après rénovation. L'étude démontre également que le DPE surestime la consommation des logements les moins performants et que la consommation dépend autant des revenus que de l'étiquette DPE. Ces conclusions plaident pour une refonte du DPE. (Les Echos, Marie Bellan, 10/01)
 
STRATÉGIE DIGITALE
 
Le 9 janvier 2024, la Commission européenne a annoncé son intention d’examiner les investissements massifs de Microsoft dans la société américaine OpenAI, créatrice de ChatGPT, dont Microsoft détient 49% du capital. Cet examen se concentrera sur l’impact de certains accords sur la dynamique du marché de l’intelligence artificielle et sur le risque de renforcement des positions des grands acteurs de la tech. L’autorité britannique de la concurrence a également déclaré en décembre 2023 qu’elle allait examiner les relations entre Microsoft et OpenAI pour déterminer s’il s’agit d’une fusion déguisée. (Le Figaro, C. W., 10/01)
 
CONJONCTURE ÉCONOMIQUE
 
Le déficit commercial demeure un point de préoccupation dans l’économie de la France. Après avoir atteint un niveau record de 164 milliards d'euros en 2022, le gouvernement anticipe un solde négatif de 105 milliards d’euros en 2023, suivi d'une diminution à 95 milliards d’euros en 2024. Novembre 2023, le déficit des échanges de biens a culminé à 110,3 milliards d’euros sur douze mois. Cependant, une hausse des exportations accompagnée d’une baisse des importations a légèrement amélioré la balance commerciale. Par ailleurs, la facture énergétique a diminué grâce à la chute des prix du pétrole et du gaz importés. La France table sur une augmentation de 3,5% des exportations en 2024, plus rapide que la croissance du commerce mondial estimée à 3,3% par l'OMC. L’évolution du contexte géopolitique mondial pourrait venir modifier ces prévisions. (Les Echos, Nathalie Silbert, 10/01)
 
 
Selon l’OCDE, l’entrée en vigueur du taux d’imposition minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales entraînera une hausse d’environ 10% de leur facture fiscale. Cette mesure, issue de l’accord signé par 140 pays et en vigueur dans plus de 50 pays depuis le 1er janvier 2024, devrait permettre aux administrations fiscales de collecter entre 155 et 192 milliards de dollars de recettes fiscales chaque année. Cela équivaut à 6,5% à 8,1% des revenus mondiaux de l’impôt sur les sociétés. L’OCDE anticipe également une réduction des bénéfices transférés à l’étranger vers des juridictions à faible fiscalité. Toutefois, l’Organisation souligne que ces changements pourraient prendre du temps à se concrétiser, à mesure que les entreprises restructurent progressivement leurs opérations. (Les Echos, Richard Hiault, 10/01/2024)
 
 
Dans ses prévisions publiées le 9 janvier 2024, la Banque mondiale table sur un ralentissement de la croissance économique mondiale pour la troisième année consécutive en 2024. Elle est attendue à 2,4%, contre 2,6% en 2023, la plus faible sur une demi-décennie depuis 30 ans. Les pays développés connaîtront une maigre croissance de 1,2%, tandis que les pays émergents et en développement afficheront une progression légèrement meilleure, à 3,9%. Les incertitudes liées à la situation en Chine, à l'inflation, aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi qu'à la hausse des taux d'intérêt, pèsent sur les perspectives économiques de cette année. Parallèlement, le déficit d'investissement dans les pays en développement demeure une préoccupation majeure. Pour atteindre les objectifs de développement durable fixés pour 2030, ces nations devront considérablement augmenter leurs investissements, nécessitant environ 2 400 milliards de dollars par an. (Les Echos, Richard Hiault, 10/01)
 
 
Retrouvez la synthèse du 09/01/2024 ici : https://xml.luqi.fr/casa/fluxpresse/20240109/synthese.html
 
Synthèse réalisée par Cision-L'Argus de la Presse
 
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